Un rayonnement qui porte ses fruits
Récemment devenue l’un des visages emblématiques de la bannière collective Champagne de Vignerons, la vigneronne de Fleury-la-Rivière construit pas à pas ses projets au sein de l’exploitation familiale.
Responsable de l’exploitation familiale depuis deux ans, Élise Payer n’a pas consacré toute son existence à la bulle champenoise. Après une décennie passée au service de la filière cosmétique, son retour au bercail s’est concrétisé en 2013.
Au préalable, la vigneronne n’a pas manqué de se former pendant 9 mois en commercialisation des vins à Avize, dans le but de développer la marque et les vins du Champagne Ghislain Payer & Fille, l’aspect viticole ayant été transmis par la voie paternelle. « Cela reste une entreprise familiale ; je travaille encore beaucoup avec mon père qui est là pour m’accompagner. Je sais que je peux compter sur lui ! », commente-t-elle.
« Pas de routine ! »
Cette parenthèse s’est révélée riche en enseignements, puisqu’Élise a été inspirée par les nombreuses visites d’exploitations champenoises. De son propre aveu, les idées piochées çà et là ont contribué à « mettre le pied à l’étrier » pour mener à bien les projets qui germaient dans son esprit, avec le concours de professeurs impliqués et concrets.
Cela fait bientôt dix ans qu’Élise Payer, mère de deux enfants, rayonne de dynamisme dans tous les aspects de sa vie de cheffe d’exploitation. « Ce qui me plaît dans ce métier, c’est notre côté multicasquette. Tout change d’un jour à l’autre. Au fil des années, il n’y a pas de routine ; pas une récolte ne ressemble à la suivante. Et j’aime les moments festifs, lorsque je retrouve mes équipes de vendangeurs et mes palisseurs, qui nous font sortir de notre quotidien… ».
Le peps qui caractérise la vigneronne fleurisienne semble aussi provenir d’un voisinage actif. « C’est un village qui bouge beaucoup. Avec les fossiles, on a des trésors uniques sous nos pieds ! En plus de nos traditions, on compte toutes sortes d’associations, y compris chez les jeunes qui sont nombreux à s’impliquer. Souvent, ils reviennent au village à l’occasion de notre fête annuelle, qui dure 5 jours ! Et pendant les vendanges, on visite aussi les pressoirs des uns et des autres. »
Outre ses racines parentales, Élise Payer cultive à Fleury-la-Rivière 4 ha de vigne, avec un encépagement dominé par le Chardonnay et le Meunier. Six cuvées sont commercialisées dans la gamme familiale, pour quelque 27 000 bouteilles vendues par an alors que ses parents en vendaient entre 2 000 et 3 000. La petite pépite de la maison étant « Rubis », un ratafia rouge produit avec de la fine de champagne et « réalisée par nos soins dans les alambics du village et avec du jus de raisin servant à l’élaboration du vin rouge avant sa fermentation, comme mon père le faisait pour lui-même ! », révèle Élise dans un sourire.
L’objectif quinquennal que s’est imposé la vigneronne était de faire progresser les ventes du domaine de 60 % par an, tout en basculant progressivement le modèle économique de l’exploitation. Ainsi, la vente au négoce a cessé pour permettre à Élise Payer d’être « récoltante-manipulatrice à temps plein ». Une petite activité en coopération a néanmoins été conservée au sein de la CRVC (récemment devenue Terroirs et Vignerons de Champagne après la fusion opérée avec le Centre Vinicole – Champagne Nicolas Feuillatte, NDLR), car la famille Payer fait partie des 24 membres qui l’ont fondée. « Je trouve cela pratique, il y a beaucoup d’échanges entre vignerons, de l’entraide et des formations utiles ! »
Gestion en bonne intelligence
Pour les deux années à venir, Élise Payer dessine un projet exigeant pour l’avenir du domaine familial, sans pour autant s’attacher à une certification en particulier. « Les labels ne me sont pas obligatoires, car ma clientèle connaît mes pratiques. Cependant, pour l’avenir, c’est quelque chose d’important pour se justifier auprès des professionnels. Cela représente tout de même un coût ; il faut bien réfléchir et s’organiser. »
Une organisation réfléchie qui se traduit également dans la mise en commun de tracteurs viticoles et enjambeurs entre quatre exploitations du village. Cela permet à chacun d’avoir accès à du matériel de qualité, géré en bonne intelligence, sans avoir eu besoin de créer une structure.
Élise Payer s’efforce également de faire progresser les installations héritées des générations précédentes, et a débuté en novembre 2021 la construction d’un bâtiment ambitieux à 50 mètres de l’exploitation parentale. Celui-ci comportera 300 m² de cave, complétés à l’étage par une surface similaire dédiée aux bureaux, à la réception de la clientèle, mais aussi de quoi cuisiner pour les vendanges, tout en assurant les opérations de dégorgement, d’habillage et de stockage. « Les locaux actuels, divisés entre la cave de mon grand-père et celle de mon père, sont devenus trop petits pour le stockage et peu pratiques », concède la vigneronne.
Enfin, les enjeux sociétaux ne lui sont évidemment pas étrangers : « C’est le devoir de ma génération de nous impliquer davantage dans les questions environnementales », affirme la vigneronne, qui se réjouit aussi que les femmes s’investissent de plus en plus dans les exploitations viticoles, en particulier à des postes de responsabilité. « La place de la femme change et j’en suis heureuse ! »
Affiches vitaminées pour les héros du vignoble
Impossible d’avoir raté ces somptueuses affiches dont les vignerons de Champagne sont les héros ! Élise Payer a fait partie de l’aventure, où tout s’est passé « à l’instinct ». « J’ai reçu l’appel à candidatures en mars par mail après une journée terrible dans les vignes… Dans cette difficulté, je me suis dit que j’étais légitime pour ce rôle de représentation. Je suis fière de cette campagne incarnée où figure le nom de mon village ! Mon affiche s’est retrouvée un peu partout à Fleury-la-Rivière ; je crois que les habitants ont pu se sentir portés et représentés. »
Côté coulisses, l’épreuve du shooting – comptez tout de même près de 3 h pour la séance photo en elle-même ! – s’est déroulée dans un espace de quelque 350 m² où se côtoient différents univers, où une vingtaine de personnes sont toutes chargées d’un rôle particulier (couturiers, décorateurs, maquilleurs, spécialistes de la lumière…), de sorte que les retouches numériques soient réduites à leur strict minimum. « C’est une véritable fourmilière où chacun sait ce qu’il a à faire. Il y a même un responsable chargé du verre de champagne ! ». Le chapeau de paille, qui fait partie intégrante de la panoplie quotidienne de la Fleurisienne, a été intégré dans la composition, et l’équipe du photographe Andrew Jacobs s’est chargée de conférer un aspect « vitaminé » au rendu final.
Avec le recul de la diffusion des photos et du vif engouement généré par cette communication, la vigneronne ne regrette aucunement son choix. « C’est une belle campagne. Un budget conséquent a été engagé sur la partie photographie, et c’est ce qui fait la différence avec une campagne ‘classique’. L’équipe s’est bien assurée que le résultat nous correspondait : en me voyant sur la photo, je me suis complétement retrouvée ! ». À tel point qu’Élise a lancé un défi à ses abonnés sur les réseaux sociaux, proposant de « réaliser la plus belle photo » devant les affiches. « Je me suis même demandée s’ils n’avaient pas fait de recherches à mon sujet… », glisse Élise avec malice.
Article issu de la Champagne Viticole. Retrouvez tous leurs portraits en cliquant ici.