Hélène Monleau, le champagne et le réseau dans la peau
« Élégant, très fin, savoureux, addictif, familial, écologique… » Parmi les messages laissés par les consommateurs et repris sur le site web du Champagne Hélène Monleau, celui de Sara résume, en sept mots bien choisis, ce que beaucoup pensent de ce domaine récent, implanté impasse du Pigeonnier à Plessis-Barbuise, à proximité de Villenauxe-la-Grande. Tout est dit, ou presque, dans cet élogieux commentaire assorti d’un « Que demander de plus ? »…
Si tout est dit, ou presque, dans le message de cette fan, ce n’est certainement pas une raison pour s’arrêter là… Hélène Monleau, tout juste quadra, est tellement prolixe lorsqu’elle évoque l’exploitation familiale, la transition générationnelle, l’environnement, les pratiques viticoles, ses cuvées, les partenariats qu’elle noue, les animations qu’elle monte, les échanges qu’elle entretient avec la clientèle, et l’énorme passion qui la fait avancer, qu’il faudrait bien davantage d’espace pour brosser le portrait complet de cette battante, très impliquée dans sa propre affaire, dans sa coopérative, dans son secteur. Celui de la Côte de Sézanne, en plein renouveau. À la voir toujours souriante, pédagogue et réceptive, on comprend pourquoi elle s’est fait si vite un nom. Dans les environs et bien au-delà désormais.
Le sens de l’ouverture, le goût de l’échange
Le 8 juin, c’était la sortie nationale du film « Champagne ! » Et Hélène Monleau n’a pas manqué l’occasion de faire déguster son champagne dans une salle obscure, plutôt bien garnie, du cinéma Lumière à Nogent-sur-Seine. Pour faire connaître sa marque, les idées lumineuses ne manquent pas. Offrir une coupe aux cinéphiles présents lors de cette première séance lui a semblé être une évidence. « J’aime ouvrir la discussion avec les gens et j’ai pensé qu’avec un tel film à l’affiche tout près de chez moi, il y avait là une occasion rêvée pour échanger. Car on y montre certaines facettes de notre métier, notamment la tension liée aux aléas météo, que l’on n’imagine sans doute pas aussi forte en dehors de la profession agri-viticole. Tout ce qui peut donner lieu à rencontre, à débat et à explications m’intéresse. Je fonce », indique cette maman de trois jeunes enfants qui doit pas mal jongler pour conjuguer vie personnelle et vie professionnelle. Heureusement, son époux Philippe, qui travaillait dans la finance jusque-là, vient de la rejoindre sur l’exploitation et, avec ses parents (Danièle et Alain Oudard, jamais très loin et toujours prêts à aider) mais aussi le très expérimenté salarié permanent (Olivier), le socle de la société est solidifié. L’activité va pouvoir poursuivre son développement, pas à pas, toujours entre enthousiasme et raison. Car c’est la marque de fabrique de la maison.
« Papa prenant un peu de recul, nous allons continuer dans le sillon qu’il a tracé tout en apportant notre pierre à l’édifice », glisse celle qui est revenue dans le Nord-Est aubois il y a huit ans après avoir exercé plusieurs années durant en région parisienne dans un tout autre domaine professionnel suite à l’obtention d’un master en « Audit et Contrôle de gestion ». C’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle retrouve la nature, la terre de ses origines. Et surtout les quatre hectares de vignes peuplés de 32 000 pieds (essentiellement en Chardonnay) qu’il faut bichonner chaque jour.
Donner à voir et à comprendre la réalité du métier
Depuis 2019, à Plessis-Barbuise, elle montre aux visiteurs accueillis sous un porche assez insolite (il abrite un pigeonnier sur le dessus) les différents matériels qui servent à travailler la vigne avant d’aller leur prouver in situ avec quelle attention et avec quel savoir-faire les tâches sont réalisées au quotidien, tout au long de l’année, pour obtenir de beaux raisins tout en ramenant de la biodiversité dans les parcelles. Pour changer le regard des gens, et les images parfois négatives véhiculées sur l’agriculture, Hélène est convaincue qu’il faut donner à voir et à comprendre la réalité du métier, « très concrètement, sur le terrain ». Un investissement personnel fort puisqu’il faut sans cesse répondre présent, mais gagnant au bout du compte. « Quand on est dans les vignes avec des visiteurs curieux de tout, nous pouvons aller plus loin, affiner les réponses sur le contexte local, les spécificités de notre terroir. Leurs questions nous obligent et nous questionnent nous-mêmes », expose la récoltante-coopératrice (Le Brun de Neuville, à Bethon) qui, très enjouée et pédagogue avec ses interlocuteurs, ne manque pas d’arguments.
Un jour prochain, elle ira plus loin encore en matière d’œnotourisme, puisqu’avec son mari elle a acquis une bâtisse dans Nogent-sur-Seine, cité connue pour son musée dédié à Camille Claudel, pour faire une maison d’hôte. « Il nous faut donner à découvrir les richesses de notre territoire et faire en sorte que nos visiteurs prolongent leur séjour chez nous », affirme Hélène Monleau, débordante d’activités et de projets.
Article issu de la Champagne Viticole. Retrouvez tous leurs portraits en cliquant ici.